Pourquoi j’ai choisi la parentalité bienveillante ? (Partie 3)

Cet article est une mise à jour. Il a été initialement publié 30 juin 2018.

Ce ne sont pas les grands discours de morale qui transmettent ses valeurs à l’enfant, mais ce que sont et font les adultes” – Catherine Gueguen

Avec ce billet, nous clôturons la série consacrée à “Pourquoi j’ai choisi la parentalité bienveillante ?”. Pour ce sujet, j’ai choisi d’écrire en trois temps car le champs de réflexion est vaste. Mes 3 articles n’ont d’ailleurs pas la prétention de le couvrir totalement. Toutefois, je tenais à le faire pour donner du sens et une direction à mes écrits dédiés à la parentalité.

Dans le premier billet que vous pouvez (re)lire ici je vous ai dit ce qui m’a amenée sur le chemin de la parentalité bienveillante. Dans le deuxième volet de cette série, j’ai insisté sur l’apport des ouvrages spécialisés auxquels je me réfère régulièrement. En vous arrêtant  vous verrez comment ces livres m’aident à construire ma maternité. Aujourd’hui, je vais mettre en relation mon choix de maternité et ma condition de femme noire.

Si j’insite sur le fait d’être une femme noire, c’est parce que cette réalité emporte un ensemble de constructions sociale, culturelle et sociétale qui impacte forcément ma personne. Il y a en outre les biais et les préjugés associés à ma couleur de peau ; dans ma communauté et chez toutes les autres personnes.

Dans le cadre de ma maternité, être une maman Noire signifie transmettre à mon enfant ce que j’ai reçu de ma culture, de mes coutumes et de ma famille.  C’est aussi élever son enfant en ayant à l’esprit que le monde dans lequel nous vivons n’est pas organisé pour faciliter la vie aux personnes noires. Les questions raciales (préjugés, racismes, colorisme) font également partie du package.

Photo de August de Richelieu sur Pexels.com

Quand je discute avec des adultes africains, il n’est pas rare de s’entendre dire : “Fais ceci au lieu de faire cela car dans la famille on a toujours fait comme ça…”. A propos des punitions corporelles : “Tu es en vie aujourd’hui, on t’a fait ça, pourquoi tu boudes quand on te dit de le faire pour l’enfant ?”. A cela, il faut ajouter le poids de l’âgisme et le fameu droit d’ainesse. Si l’âgisme désignait au départ une discrimination envers les personnes âgées, il désigne aujourd’hui toute forme de discrimination envers une personne en raison de son âge, quel qu’il soit. Si le terme discrimination sonne fort, il faut y lire le fait pour des adultes de s’octroyer le droit de décider ce qui convient le mieux à votre enfant parce quil sont plus âgés que vous, les parents. Dans de nombreuses cultures africaines, il est impensable de remettre en question les paroles et les actes des aînés. Cet impératif se retrouve dans toutes les sphères des sociétés africaines, avec un tribut particulièrement lourd à payer dans l’éducation et l’héritage. Je pense par exemple au choix du prénom de l’enfant.

Je ne suis pas contre la transmission si elle se fait dans le respect de la singularité de chacun. D’ailleurs un proverbe africain que j’aime le rappelle :

 “Pour qu’un enfant grandisse il faut tout un village”

Ce que j’essaie de dire, c’est qu’il n’y a rien de blanc ou noir dans ce monde. Dans chaque culture, il y a du bon et du moins bon. C’est en interrogeant et en remodelant nos systèmes que notre système de valeurs tendra davantage vers l’équilbre, vers la perfection. Cela ne signifie pas que je rejette tout ce qui m’a été transmis, ou tout ce qui est prôné par l’éducation « à l’africaine ». Comme je le fais en parentalité bienveillante, je fais le tri pour garder uniquement ce qui est en phase avec mes propres valeurs. Ce qui solidifie les contours de ma maternité.

Quand mon fils est venu au monde je me suis sentie seule car j’étais loin de ma mère et de toutes les femmes de ma famille. J’aurai vraiment souhaité être entourée de ces femmes pour profiter de la chaleur de leurs étreintes, rire de leurs nombreuses anecdotes sur l’accouchement, apprendre les trucs et les astuces sur le soin du nouveau né qu’elles seules connaissent. J’ai manqué de boire les bouillons brûlants réputés pour favoriser la lactation et la cicatrisation interne de la nouvelle mère. Je voulais me reposer et ne rien faire parce qu’il y a beaucoup de personnes disposées à aider la maman en cuisinant, en faisant la lessive, en berçant mon bébé, et plus encore.

En tant que femme noire, j’ai choisi la parentalité bienveillante parce que grâce à elle, je me suis autorisée à dénoncer la pression qui réduit trop souvent les parents à un rôle de géniteurs en donnant aux membres de la famille celui de décideurs. Que cette pression soit implicite ou très explicite.

Mon choix de parentalité m’émancipe également du fardeau de la dette éternelle que je suis supposée avoir envers mes parents. Des phrases comme celles qui suivent sont quotidiennement prononcées autour de moi : “Mes parents ont tout fait pour moi, je ne dois pas les vexer ou les froisser…” ; “Je leur dois tout et de toutes les façons ils aiment leur petits fils/petite fille, ça ne peut qu’aller dans leur intérêt…” ; “Si je parle ou réponds ils diront que je leur manque de respect…” ; etc. J’ai toujours ressenti un profond malaise en les entandant. Pour le coup, j’y ai souvent perçu quelque chose de malsain. Mais je n’avais pas les armes pour m’exprimer. J’ai trouvé des contre-arguments à ces paroles enfermantes et culpabilisantes en cheminant vers une parentalité différente. Aujourd’hui, si des explications sur les raisons de mes choix ne satisfont pas ma famille, je n’hésiterais pas à me mettre à dos certains de ses membres, car je n’ai aucune dette morale à leur payer !

J’ai décidé de ne pas élever mon enfant dans une nébuleuse atmosphère dans laquelle je me bats avec mes principes et les injonctions familiales. Marcher sur ce chemin ferait de moi un parent frustré, aigri et déséquilibré.

Photo de pixmike sur Pexels.com

A la naissance de mon fils, j’ai vu la responsabilité qui m’incombait et je me suis juré de faire de mon mieux pour l’accompagner sainement tout au long de sa vie. Je suis une mère noire qui connait les codes des maternités des femmes noires. Cependant, je suis aussi moi. Je reste avant tout une personne avec ses émotions, ses aspirations, ses goûts, ses craintes, sa zone de confort et sa zone de génie. J’ai donc le droit d’accepter ce qui me conforte et rejeter ce qui m’assaillent. Je n’attends donc pas la validation de mon entourage. Au reste, je n’hésite pas créer du lien avec d’autres personnes, parents d’enfants ou pas, membres de ma famille ou de ma belle-famille. Ce lien est important car, comme rappelé tantôt, en Afrique, il faut tout un village pour élever un enfant.

Je vous quitte ici en vous invitant à faire parler ce bel adage 🙂 J’espère que les 3 articles de cette série vous ont davantage informé sur ma vision de la maternité. Si mes mots vous ont heurté ou arraché un sourire, poursuivons ensemble la conversation dans la zone des commentaires 🙂

Merci de me lire ❤

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